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User:Kurgenera/Test198

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La misère sexuelle consiste principalement dans l’absence ou la faiblesse de vie sexuelle non reproductive. La répression sexuelle réside dans l’ensemble des dispositifs, sociaux, médicaux, légaux, idéologiques, esthétiques, qui contribuent à l’affaiblissement ou à l’absence de vie sexuelle non reproductive. La libération sexuelle se définit comme la conquête des possibilités de vie sexuelle non reproductive et de la satisfaction qui est supposée y être associée à un niveau psychologique (comme dépassement des processus psychologiques qui s’opposent à ces possibilités). La révolution sexuelle décrit la politisation de la lutte contre les dispositifs de la répression sexuelle et s’inscrit dans un projet de transformation de la société qui peut prendre des formes réformistes et/ou radicales. Reste à s’interroger sur l’émergence, l’apogée et la disparition de cette problématique dans les discours publics sur la sexualité et sur leur remplacement par les notions de santé sexuelle d’une part, et de droits sexuels.

La question de la libération sexuelle est lancée en France avec la publication en 1966 d’un numéro de la revue Partisans « Sexualité et répression » qui comprend des contributions des principaux théoriciens de la révolution sexuelle et des enquêtes sur la situation des jeunes et des femmes visant à illustrer la misère sexuelle. Ce numéro ouvre le débat sur cette question en se situant dans la perspective de l’émancipation générale des hommes : « Il nous a donc semblé nécessaire de montrer l’importance fondamentale du vieux débat, liberté ou répression, dans la perspective de cette société égalitaire et libertaire que nous souhaitons voir naître un jour [1] ». D’emblée, et dès avant les événements de Mai 1968, la question de la répression et de la libération sexuelle est posée en termes politiques. Un deuxième numéro de Partisans sur le même thème paraîtra en 1972. Il poursuit l’élaboration théorique de la révolution sexuelle et accorde une section importante à la répression de l’homosexualité. Il s’agit de l’une des rares tentatives qui traite conjointement des homosexuels et des « hétérosexuels ». Le Rapport contre la normalité (manifeste du Front homosexuel d’action révolutionnaire) paraît en 1971 et s’inscrit aussi dans le courant révolutionnaire dont il critique le conformisme sexuel et la phallocratie. « Si donc nos rapports homo-sexuels sont par définition la négation de certains rapports sociaux constitutifs du patriarcat et du capitalisme, pourquoi n’avons-nous pas toujours été une force révolutionnaire [2] ? ».

Le débat se poursuit au cours de ces années avec la publication d’ouvrages académiques. En 1972, paraît en France la traduction de l’ouvrage de l’historien belge Jos van Ussel, Histoire de la répression sexuelle [3]. Cet ouvrage met bien en évidence que construire la question de la sexualité sous l’angle de la répression sexuelle constitue bien un point de vue historiquement déterminé et inscrit dans la perspective d’une action de transformation sociale et psychologique : l’émancipation sexuelle – qui fait l’objet d’un long développement dans l’ouvrage de van Ussel. Van Ussel défend la thèse selon laquelle la répression sexuelle serait beaucoup plus liée à l’industrialisation et à l’embourgeoisement de la société occidentale qu’à l’influence de l’Église. L’histoire de la répression sexuelle est donc bien une histoire engagée, prenant parti dans le débat politique de l’époque. Deux ans plus tard, Roger-Pol Droit et Antoine Gallien publient un ouvrage qui repose sur des témoignages recueillis en France et vise à illustrer, au travers de ceux-ci, la misère sexuelle des contemporains. « Cette réalité, c’est l’état actuel de la vie sexuelle “civilisée”. Prise dans un strict et complexe réseau d’interdits et de contraintes, elle subit une telle limitation, un tel amoindrissement qu’elle devient pour beaucoup un objet de souffrance – morale ou physique. C’est dire que les manifestations de la misère sexuelle incluent la plupart des troubles reconnus par la pathologie classique. Ils sont nombreux : dyspareunie (douleur au cours des rapports sexuels), vaginisme, éjaculation précoce, impuissance, frigidité… – et bien plus répandus qu’on ne saurait le croire. Ces manifestations “cliniquement” repérables ne sont pas les seules. La misère sexuelle excède les limites d’une symptomatologie définie. Plus fréquents, mais plus difficile à cerner, l’insatisfaction, l’ennui, la lassitude, les désirs inavoués caractérisent le plus souvent la vie sexuelle quotidienne, et la rendent “misérable”. […] Nous disons qu’elle est la situation de toute personne qui ne peut pour des raisons essentiellement sociales et culturelles exercer sa sexualité, et qui consciemment en souffre plus ou moins intensément [4]. » Ces deux auteurs évoquent brièvement le fait que « parler de misère sexuelle semble supposer, implicitement, la conception d’une certaine forme de “bonheur” (de prospérité ?) sexuel, et, l’adhésion à un certain nombre de thèses, théoriques aussi bien qu’idéologiques. Question que nous laissons volontairement en suspens, la description du caractère négatif de la misère sexuelle se suffisant à elle-même [5]. » La conception positive de la sexualité libérée semble alors être devenue une évidence qu’il n’est plus nécessaire de reformuler. Mais la lecture des propos de ces auteurs met bien évidence que leur travail repose sur l’hypothèse selon laquelle la répression des formes d’activité sexuelle non reproductives et l’enfermement de l’activité sexuelle dans le cadre du mariage monogame constituent la misère sexuelle et la cause de la souffrance qui l’accompagne. Il est intéressant de noter en outre que ces auteurs retiennent comme « symptômes » de la misère sexuelle les principales « dysfonctions sexuelles » définies par la sexologie médicale moderne alors naissante, qui sont réunies dans des syndromes qui les rattachent beaucoup plus à la banalité de l’expérience subjective quotidienne qu’à un tableau de pathologie clinique. Notons enfin qu’il n’est question que des adultes et que les problèmes de la contraception et de la procréation, ainsi que les problèmes liés à l’homosexualité ne sont pas évoqués. Cet abord de la misère sexuelle, sous un angle psychologique et clinique, préfigure la médicalisation de la sexualité qui se développera ultérieurement [6].

Paul Robinson [7] utilise pour sa part le terme de modernisation de la sexualité, qu’il définit comme une forme d’optimisme associant la vie sexuelle avec la communication émotionnelle et contribuant à l’épanouissement des individus. Selon Robinson, ce courant serait rattaché en droite ligne aux conceptions des poètes romantiques du début du xixe siècle et exprimé au xxe siècle par des médecins et des scientifiques comme Havelock Ellis, Alfred Kinsey, William Masters et Virginia Johnson. La vie reproductive, considérée comme seule forme et seule finalité légitime d’activité sexuelle dans le cadre du mariage, par les modes de pensée catholiques et puritains dominants (le « victorianisme ») du xixe siècle, n’est pas incluse dans le processus de la modernisation de la sexualité.

• Les racines historiques de la libération sexuelle Cette conception de la sexualité, envisagée comme le résultat d’un ensemble de répressions sociales, a été élaborée dès le milieu du xixe siècle avec l’apparition des travaux de certains sexologues [8] comme Havelock Ellis, les réflexions de certains écrivains et artistes allemands et homosexuels confrontés à une féroce répression juridique, et les théories de Freud, sans oublier certains travaux de Marx et Engels. Elle a d’emblée été placée sous le signe de la dialectique entre la répression et la libération. Ces auteurs ont ainsi développé une pensée qui considérait que la vie sexuelle n’était pas réductible à la vie reproductive et que la réalisation d’une vie sexuelle à finalité érotique pouvait fortement contribuer à l’épanouissement des individus et au bien-être de l’humanité. Ils ont fait le constat clinique, existentiel et politique de la misère sexuelle dans laquelle se trouvaient la majorité de leurs contemporains, du fait des obstacles que ceux-ci rencontraient dans l’exercice de leur vie sexuelle non reproductive. Autre nouveauté de cette conception : pour les plus politisés de ces auteurs, les obstacles matériels et idéologiques à l’exercice d’une vie sexuelle non reproductive font partie intégrante des rouages de la domination sociale exercée par le capitalisme : la libération sexuelle devient une dimension plus ou moins centrale d’une libération de l’humanité. Jos van Ussel a ainsi élaboré une typologie des formes d’émancipation sexuelle en distinguant le réformisme sexuel, la révolution exclusivement sexuelle et l’émancipation de l’homme et de la société. Cette typologie repose sur une évaluation de la place relative de la vie sexuelle dans l’existence sociale et sur le rôle de l’émancipation sexuelle dans l’évolution des sociétés.

Pour leur part, les premiers médecins qui ont développé cette théorie s’opposaient principalement aux interdits religieux et aux réglementations juridiques dominants. L’articulation entre les dimensions culturelles (ou politiques pour les plus radicaux) et individuelles et subjectives est centrale dans cette approche.

Les fondements psychologiques de la répression sexuelle En 1905, dans les Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud élabore l’idée fondamentale selon laquelle la satisfaction est le but principal de la pulsion sexuelle. Il s’oppose ainsi aux théories dominantes de son époque qui considéraient la reproduction comme finalité majeure de « l’instinct sexuel naturel », et les formes d’activité sexuelle ne conduisant pas à la reproduction comme des déviations et des « aberrations [9] ». Freud écrit en 1908 : « Celui qui sait comment pénétrer les conditions qui déterminent le fait de devenir malade nerveux se persuade bientôt que l’accroissement des maladies nerveuses dans notre société provient des restrictions sexuelles [10]. » Le changement est de taille par rapport à la psychiatrie et la sexologie dominantes de son époque qui considéraient que les perversions sexuelles étaient le symptôme d’affections mentales [11]. Désormais, c’est l’absence ou la faiblesse des satisfactions sexuelles, et notamment celles qui sont obtenues par des moyens non génitaux et sans visée procréatrice, qui entraîneraient des troubles mentaux. Mais Freud considérait aussi que le rôle du médecin n’était pas d’avancer des réformes sociales pouvant contribuer à une amélioration des conditions de vie de l’humanité et il voyait dans la sublimation la solution positive – une solution psychologique – au renoncement à la satisfaction sexuelle des pulsions.

La politisation de la question sexuelle Alors que Freud s’est concentré principalement sur les dimensions psychologiques de la répression sexuelle et a élaboré un traitement individuel pouvant permettre un certain aménagement de celle-ci dans le cadre de la culture existante, des mouvements de politisation de la question sexuelle se développent dès le début du xxe siècle. Ils sont tous fondés sur le principe de la légitimité juridique et du caractère positif des actes sexuels non procréatifs. Certains de ces mouvements incluent cependant le combat en vue de cette reconnaissance dans une perspective visant à améliorer les conditions de la procréation. Le libre choix de la procréation ainsi que l’homosexualité deviennent les dimensions principales de ce combat. La politisation de la question sexuelle emprunte plusieurs formes. L’Association mondiale pour la réforme sexuelle créée en 1928 et présidée successivement par Magnus Hirschfeld, Havelock Ellis et Auguste Forel représente le courant réformiste. Ce type d’organisation vise principalement à la réforme des réglementations et des régulations sociales existant dans le domaine de la sexualité et de la procréation sans remettre en cause fondamentalement l’organisation de la société qui en serait à l’origine. L’Association visait à une libéralisation de l’accès à la contraception et à l’avortement, au développement de l’éducation sexuelle, à la reconnaissance du divorce, et avait inscrit l’égalité entre les sexes comme premier de ses principes. Elle se situait aussi dans une perspective eugénique en réclamant la stérilisation des malades mentaux et des déficients. Idées qui seront récupérées plus tard par le national-socialisme [12].

La politisation de la question sexuelle s’inscrit en outre dans un combat politique plus radical, associé tout d’abord à certains opposants du Parti bolchevik en Union soviétique. La personnalité d’Alexandra Kollontaï [13], qui a défendu la cause des femmes et leur émancipation sexuelle et sociale dans le projet de la révolution socialiste, est exemplaire à cet égard. C’est, par ailleurs, dans le contexte de la montée en puissance, jusqu’en 1933, du parti communiste allemand que Wilhelm Reich, qui était médecin et psychanalyste, intéressé par la prophylaxie sociale des névroses et membre du parti communiste allemand, a rattaché les causes sociales de la misère sexuelle à l’ensemble de l’organisation de la société, et en a analysé les significations en termes politiques. Selon Reich, la répression sexuelle de la jeunesse notamment, au travers des rouages de la famille, considérée comme la « courroie de transmission des idéologies autoritaires », a pour fonction de maintenir et renforcer l’oppression sociale. L’approche de Reich se fait aussi plus concrète que celle de Freud. Il dénonce les entraves idéologiques opposées à la masturbation et aux rapports sexuels chez les jeunes, qui sont intériorisées sous forme de culpabilité et de honte par rapport aux choses du sexe. Il dénonce aussi les obstacles matériels et sociaux qui s’opposent à la libre utilisation des contraceptifs, au recours à l’avortement et au traitement des maladies vénériennes. Pour Reich, la répression sexuelle de la jeunesse s’inscrit pleinement dans l’oppression exercée par le capitalisme et ne pourra être combattue que dans le cadre d’une révolution sociale. C’est en constatant que l’engagement politique des jeunes du mouvement ouvrier était affaibli par les problèmes sexuels (entrave à la camaraderie entre les sexes) et que la recherche de partenaires sexuels constituait souvent un motif de désaffection du mouvement ouvrier que Reich a inclus le combat sexuel de la jeunesse comme une priorité politique [14].

En 1955, Herbert Marcuse publie aux États-Unis, Eros et civilisation, un ouvrage purement philosophique (il sera traduit et publié en français en 1963). À cette époque, Herbert Marcuse est coupé de tout engagement politique, mais, paradoxalement, cet ouvrage aura une influence politique immense dans les pays industrialisés. Il envisage la misère sexuelle comme restriction de la cathexis libidineuse et comme conséquence d’un principe de rendement qui assujettit les individus au travail aliéné et exploité. La libération sexuelle n’est plus pensée comme un levier de la révolution sociale, mais comme une conséquence désirable et envisageable qui apparaîtra avec la fin du travail aliéné et l’érotisation des rapports sociaux et des rapports avec la nature qui découleront de l’augmentation du temps libre. Dans cette perspective, la libération de la sexualité constitue une transformation de la sexualité en Eros et un abandon du primat de la génitalité. Par contre, la libération de la sexualité, sous le règne du principe de rendement, ne constituerait qu’une forme de désublimation répressive qui aurait le pouvoir d’affaiblir les pulsions sexuelles et de renforcer les pulsions agressives. Contrairement à certaines lectures de Marcuse qui ont vu en celui-ci le chantre de la révolution sexuelle comme levier de la révolution sociale, il est important d’insister sur le fait que Marcuse n’a considéré la libération sexuelle que comme une potentialité associée à une libération des conditions de vie et de l’organisation du travail, et découlant de celle-ci.

Comme on peut le voir au travers de ce rappel rapide des principaux théoriciens de la libération sexuelle, le constat de la misère sexuelle est fondé sur une conception idéale de la sexualité, et souvent (comme c’est le cas pour Reich) sur une conception naturaliste qui considère que l’expression naturelle de la sexualité est entravée par la culture. L’organisation de la société incarne la répression sexuelle au travers de ses rouages idéologiques et matériels. Par contre, le réformisme sexuel prend en compte les aspects de la sexualité reproductive en proposant un meilleur accès à la contraception et à l’avortement et des aides sociales aux mères non mariées en vue de lutter contre les fléaux sociaux qui sont la conséquence des lois répressives de la sexualité [15]. Le constat de la misère sexuelle est donc indissociable d’un projet de libération sexuelle, que celle-ci soit partie intégrante de la révolution sociale et politique, qu’elle propose des réformes à l’intérieur de l’ordre existant ou qu’elle soit l’objet de projets plus individuels d’épanouissement sexuel et psychologique. Mais, de façon globale, le projet de l’émancipation sexuelle repose in fine sur la dissociation entre les fonctions érotiques et reproductives de la sexualité et sur la reconnaissance des aspects positifs – au plan social et psychologique – de la vie érotique [16]. La perspective de la libération sexuelle fondée sur cette valorisation de la vie érotique sera en outre fondée sur une critique des institutions qui encadrent la sexualité, et en particulier le mariage monogame.

• Bilan de la libération sexuelle La libération sexuelle est source de nombreux fantasmes et représentations qui en rendent difficile l’évaluation. Elle doit être pensée en termes d’évolution des dispositifs de savoir et de pouvoir qui encadrent l’expérience de la sexualité, tel que cela a été élaboré par Michel Foucault. On peut considérer que les objectifs des réformistes sexuels des années trente visant à favoriser l’accès à la contraception, à l’avortement et au divorce ont été réalisés au cours des années soixante-dix, dans la majorité des pays industrialisés. La vie sexuelle peut se développer librement en dehors de l’espace social du mariage. C’est le couple qui constitue la forme principale d’organisation sociale de la sexualité, indépendamment des liens qui unissent ses membres. La procréation en dehors du mariage n’est plus stigmatisée et elle est même revendiquée dans certains cas. L’homosexualité a été dépénalisée et rayée du champ de la maladie mentale en 1973 ; les différentes formes d’unions homosexuelles ont été reconnues dans différents pays européens au cours des années quatre-vingt-dix. La censure qui frappait la pornographie a été assouplie mais les films pornographiques ont été enfermés dans le ghetto du X moyennant de lourdes taxes [17]. L’industrie pharmaceutique propose désormais des médicaments pour traiter les troubles sexuels, et les thérapies sexuelles sont développées. Mais le maintien et l’amélioration de ces dispositifs est sans cesse menacé. Des programmes d’éducation sexuelle et de prévention destinés aux adolescents prêchent l’abstinence pré-conjugale aux États-Unis, l’avortement est toujours illicite dans de nombreux pays, y compris européens. L’homosexualité et les relations extraconjugales restent frappées d’un interdit et font l’objet d’une répression féroce dans certains pays musulmans, sans parler de l’enfermement des femmes et leur mise à l’écart de la vie sociale. L’épanouissement sexuel est devenu une valeur individuelle inscrite dans le champ de la santé et considérée comme un droit qui n’est jamais acquis définitivement. Le combat pour la libération sexuelle prend aujourd’hui la forme de la lutte pour les droits sexuels et la santé sexuelle et reproductive. Au plan psychologique et subjectif, la question de la satisfaction associée à la sexualité reste toujours posée.

Dans Toi ma nuit, roman de « sexe-fiction » publié en 1965, Jacques Sternberg évoquait à l’horizon de l’an 2000 un monde où le sexe a finalement été libéré. Les individus peuvent se livrer au coït à volonté : il suffit d’un clin d’œil et le tour est joué. Mais le système qui a permis cette révolution des mœurs taxe lourdement ses bénéficiaires : « La cotisation la plus lourde est certainement […] celle qu’exige tous les trimestres la Caisse des Redevances Sexuelles en échange des jouissances, plaisirs, facilités et libertés que le siècle nous procure, cotisation dont nous sommes redevables, même les centenaires, les impuissants, les indifférents ou ceux qui, comme moi, ne font jamais appel à un organisme officiel pour se procurer d’éventuels partenaires d’une heure ou d’une nuit. Heureusement je ne suis pas marié : j’échappe donc à la taxe conjugale, pas tellement lourde, mais toujours contrebalancée par la taxe d’adultère qui, en échange d’une absolution tacite et reconnue, grève sans difficulté les budgets les mieux équilibrés. » Mais Sternberg se laissera finalement prendre au piège de l’amour auprès d’une femme avec laquelle il n’aura jamais de relations sexuelles, l’extase suprême. La modernisation de la sexualité ne semble pas avoir résolu le mélodrame de l’expérience amoureuse. •

https://doi.org/10.3917/mouv.020.0023


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